La recherche, publiée dans Frontiers in Nutrition, a conclu que les stratégies de marketing construites autour du goût pourraient s’avérer le moyen le plus efficace de promouvoir les aliments à base d’insectes. Se concentrer sur la promotion des insectes comme « savoureux », « luxueux », ou une « délicatesse exotique » afin de changer les attitudes à l’égard des aliments qui contiennent des protéines dérivées des insectes, les chercheurs suggèrent.

Le buzz sur les bugs

Il existe des raisons impérieuses pour les Européens d’incorporer davantage de protéines à base d’insectes dans leur alimentation. Depuis 2003, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture défend des sujets liés aux insectes comestibles. L’agence souligne que la consommation d’insectes peut être associée à des avantages pour la santé et l’environnement.

Les insectes comestibles contiennent des protéines, des vitamines et des acides aminés de haute qualité. Ils sont riches en fibres, représentent une bonne source de graisses saines comme les oméga-3 et sont riches en nutriments tels que le calcium, le fer, les vitamines B, le sélénium et le zinc.

Les insectes sont également un moyen plus efficace de produire des protéines que l’élevage traditionnel. La FAO estime que les grillons ont besoin de six fois moins d’aliments que les bovins, quatre fois moins que les moutons et deux fois moins que les porcs et les poulets de gril pour produire la même quantité de protéines.

La production alimentaire représente 25 % de toutes les émissions humaines de gaz à effet de serre. L’élevage est un contributeur important et les chercheurs et les décideurs tentent de développer et de promouvoir des moyens plus durables de produire des protéines animales. Une option est l’agriculture et la consommation d’insectes.

Les produits à base d’insectes ont une empreinte carbone plus faible que le bétail conventionnel, émettant moins de gaz à effet de serre et moins d’ammoniac.

« Les insectes ont de nombreux avantages pour la santé en tant que source de protéines et surpassent considérablement les viandes conventionnelles en termes d’émissions de gaz à effet de serre »,a déclaré le professeur Sebastian Berger, de l’Université de Berne en Suisse. « Par conséquent, les aliments à base d’insectes pourraient aider à lutter contre le changement climatique. »

Les arguments en faveur de l’utilisation d’insectes comestibles comme source de nourriture sont convaincants – mais l’acceptation va à l’avant-scène de la convention européenne.

Surmonter le facteur « beurk »

Malgré ces avantages, les habitants des pays occidentaux mangent rarement des insectes.

Selon les chercheurs, beaucoup de gens sont « méfiants » ou « dégoûtés » à l’idée d’aliments à base d’insectes. Cependant, bon nombre de ces mêmes personnes mangeront volontiers du homard ou des écrevisses, malgré leur apparence d’insecte, ce qui suggère que les attitudes peuvent évoluer.

Mais comment cela peut-il être pris en charge? Auparavant, aucune recherche n’avait examiné la meilleure façon de promouvoir ou de commercialiser les insectes afin qu’ils soient plus attrayants pour le public. Berger et ses collègues ont entrepris de remédier à cette situation, en étudiant les facteurs qui influencent les attitudes à l’égard des aliments à base d’insectes.

Ils ont demandé aux membres du public de Cologne, en Allemagne, de participer à l’étude. Tout d’abord, les participants ont vu une publicité pour une entreprise offrant des aliments à base d’insectes. Certaines des annonces portaient sur les avantages environnementaux ou sanitaires de l’aliment, tandis que d’autres mettaient en évidence des aspects agréables, tels que son goût.

Les participants ont ensuite eu la possibilité de manger une truffe au chocolat ver de farine. Ils ont rempli un questionnaire pour enregistrer leurs attentes quant à la qualité de la truffe et s’ils étaient prêts à l’essayer. Ceux qui ont essayé la truffe ont également évalué à quel point il avait un goût agréable.

Avec l’essor de l’éco-consommateur et l’intérêt croissant pour les allégations respectueuses de l’environnement, ainsi que les préoccupations croissantes au sujet de l’alimentation et du bien-être, mettre en évidence les avantages pour la santé ou l’environnement de la consommation d’insectes peut sembler être l’approche évidente.

Toutefois, l’équipe de recherche a constaté que les publicités faisant la promotion des avantages pour la santé et l’environnement étaient « beaucoup moins efficaces » que celles qui faisaient la promotion d’aspects agréables de l’aliment. Les revendications de qualité et de luxe ont renforcé les attentes de la truffe et les ont rendues plus susceptibles de l’essayer. Ces participants ont également évalué le goût des truffes plus fortement.

Appel émotionnel

Les questions sociales ayant un impact positif sur les ventes dans d’autres catégories d’aliments, pourquoi les insectes ne reçoivent-ils pas un coup de pouce de la part de messages écologiques ou sains?

Les recherches ont suggéré que tout se résume à surmonter le facteur beurk.

« Les considérations sociales à long terme, comme la protection de l’environnement ou l’amélioration de la santé, ne semblent pas suffire aux consommateurs pour surmonter le facteur de « dégoût » des insectes. Comme l’aversion des gens à l’égard des insectes est en grande partie émotionnelle plutôt que rationnelle, il est logique d’essayer d’influencer leurs émotions plutôt que de faire des appels rationnels sur des questions à long terme.« 

L’équipe les résultats suggèrent que les futures campagnes de marketing devraient dépeindre les aliments à base d’insectes comme « délicieux, à la mode ou même luxueux » s’ils veulent changer efficacement les habitudes alimentaires des gens. D’autres études plus vastes sont nécessaires pour déterminer si un passage à grande échelle des protéines animales conventionnelles aux aliments à base d’insectes est faisable, ont-ils noté.

Source
« Quand les revendications utilitaristes se retournent contre eux : contenu publicitaire et adoption d’insectes comme nourriture »
Frontières en nutrition
DOI: https://doi.org/10.3389/fnut.2018.00088
Auteur(s) : Sebastian Berger, Christian Bärtsch, Christina Schmidt, Fabian Christandl et Annika M. Wyss

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