Dans le cadre d’un plan historique visant à atteindre zéro émission nette d’ici 2050, la Nouvelle-Zélande est devenue le premier pays au monde à viser une réduction de 24 à 47 % du méthane biogénique d’ici 2050.

Le plan marque un changement important dans la prise en compte par les gouvernements de l’empreinte du secteur agricole historiquement difficile à décarboner sur la voie de l’objectif de zéro émission nette. Il servira de test décisif sur la façon dont les secteurs à fortes émissions réagiront à la nouvelle réglementation et au besoin urgent de transformation. Dans son nouveau rapport Returns Gone Sour: The impact of carbon pricing on the dairy sector, l’initiative FAIRR explore ce que le régime proposé signifie pour l’avenir des produits laitiers et de ses principales parties prenantes.

Contribution économique et environnementale des produits laitiers

L’industrie laitière joue un rôle important dans l’économie néo-zélandaise; plus de 95% du lait produit est exporté et en 2020, les exportations de produits laitiers ont contribué à hauteur totale à 10,2 milliards de dollars néo-zélandais à l’économie. Le secteur est l’un des 10 principaux acheteurs de la production d’environ un tiers de toutes les autres industries néo-zélandaises, qui représentent collectivement plus de 40 pour cent du PIB.

Bien que précieuse pour l’économie, la production laitière est coûteuse pour l’environnement. Plus de la moitié des émissions totales de la Nouvelle-Zélande proviennent de l’agriculture et un quart de son secteur laitier. À l’échelle mondiale, l’industrie laitière représente 3,4 % des émissions totales, une contribution proche de celle de l’aviation et du transport maritime combinés. Il reflète la contribution significative du système alimentaire: le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que 21 à 37% des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) sont attribuables au système alimentaire, dont environ 14,5% sont liés au seul secteur de l’élevage.

Pour tenir compte de ces impacts, l’Initiative FAIRR, un réseau d’investisseurs collaboratifs, a lancé une coalition mondiale d’investisseurs de 5 billions de dollars comprenant Legal &General Investment Management (Royaume-Uni) et le Régime de retraite de la Société canadienne des postes, aux côtés de l’ancien Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, appelant les gouvernements à divulguer des objectifs spécifiques de réduction des émissions agricoles dans le cadre des contributions déterminées au niveau national (NDC) en vue de la COP26. Dans sa mise à jour NDC 2020, la Nouvelle-Zélande a confirmé son engagement à réduire les émissions de méthane biogénique.

Les répercussions d’un prix du carbone sur le secteur laitier

Le prix du carbone entrant en Nouvelle-Zélande pose un certain nombre de défis aux producteurs laitiers. Notre analyse révèle que d’ici 2050, les coûts du carbone pour le secteur laitier de la Nouvelle-Zélande pourraient équivaler à 26 % du bénéfice d’exploitation moyen actuel des fermes laitières propriétaires-exploitants et à 74 % des fermes à lait. Pour le plus grand producteur laitier de Nouvelle-Zélande, Fonterra, couvert par le Coller FAIRR Protein Producer Index, les coûts du carbone pourraient être équivalents à 87% de l’EBITDA 2020 d’ici 2050.

À court terme, des réductions des taux de stockage et de la production seront nécessaires pour réduire les émissions. En l’effet d’investissements importants dans les technologies de réduction du méthane, l’atteinte de l’objectif inférieur du gouvernement exigera une diminution de 15 % du nombre de bovins laitiers. Cela risque d’entraîner une instabilité dans la chaîne d’approvisionnement en raison d’une baisse de la production de solides laitiers, tout en gr grantant les bénéfices d’exploitation des agriculteurs.

Le prix du carbone prévu pour le secteur devrait se situer entre 48 $ et 90 $ la tonne d’ici 2050. Ce coût, ainsi que ceux associés à la mesure et à l’atténuation du carbone, aggravera le fardeau de la dette préexistante des producteurs laitiers. Cela s’explique par le fait que les banques hésitent de plus en plus à accorder de nouveaux prêts pour les terres agricoles laitières en raison des coûts de conformité à la réglementation et par la diversification des prêts vers d’autres secteurs agricoles à faible impact, notamment l’horticulture.

La menace d’origine végétale

L’augmentation de la demande de solutions de rechange d’origine végétale aggravera les risques réglementaires associés à un prix du carbone. Le marché mondial des substituts laitiers continue d’augmenter en valeur et devrait atteindre 40,6 milliards usd d’ici 2026, avec la récente introduction en bourse de la société de lait à base de plantes Oatly, maintenant évaluée à 13 milliards de dollars américains, indiquant que l’industrie est en hausse.

Pour le plus grand exportateur mondial de produits laitiers, la coopérative néo-zélandaise Fonterra, la demande de solutions de rechange à base de plantes sur ses marchés cibles est en hausse. La Nouvelle-Zélande a les volumes de recherche les plus élevés sur le « véganisme » au monde et, en 2019, les alternatives à base de plantes représentaient 7% du lait consommé en Australie. La Chine, qui représente 25 % des exportations de Fonterra, a été identifiée comme un marché cible clé pour Oatly. Le géant laitier chinois Yili a également élargi sa gamme à base de plantes depuis 2017.

Les progrès technologiques dans ce domaine contribuent également à une croissance de plus en plus compétitivearket. Perfect Day, un producteur de protéines de lait sans animaux, affirme que son produit réduit les émissions de GES d’au moins 85% par rapport aux méthodes de production laitière traditionnelles. La société a récemment annoncé l’ouverture d’un nouveau centre d’innovation à Singapour pour répondre à la demande mondiale de solutions alimentaires innovantes, rentables et durables.

L’opportunité à faible émission de carbone

Partout dans le monde, les producteurs laitiers explorent des solutions pour atténuer les risques de transition comme la tarification du carbone. Certains investissent dans des technologies de réduction du méthane, y compris des inhibiteurs du méthane, des vaccins de réduction et l’élevage sélectif pour les animaux à faibles émissions. Ces alternatives, cependant, s’accompagnent souvent de coûts plus élevés pour le secteur laitier.

Le plan de tarification du carbone de la Nouvelle-Zélande pour l’agriculture crée un précédent politique pour lutter contre les émissions agricoles à la source et renforcer la réglementation pour les producteurs laitiers et les éleveurs. Par exemple, en avril 2021, la République d’Irlande a présenté un projet de stratégie agroalimentaire qui comprend un objectif de réduction de 10 % du méthane biogénique d’ici 2030. Cette cible devrait réduire la taille actuelle du troupeau dans la région. À mesure que les gouvernements s’efforceront d’atteindre les objectifs climatiques, l’établissement d’objectifs spécifiques aux émissions agricoles et aux mécanismes de réglementation associés ne fera que se généraliser.

L’action politique, combinée aux changements du marché et de la technologie, crée une puissante force perturbatrice pour le secteur laitier. Les investisseurs surveilleront de près la manière dont les producteurs laitiers répondront au défi de la décarbonisation. Ceux qui voient les perturbations entrantes comme une occasion de renforcer leur position grâce à la diversification de leur portefeuille et à des pratiques agricoles durables en récolteront les fruits.

Explorez le rapport de FAIRR, Returns Gone Sour : l’impact de la tarification du carbone sur le secteur laitierici.

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