Nombreux sont ceux qui, dans l’industrie et le monde universitaire, croient en la nécessité de s’éloigner de la production conventionnelle de protéines animales et de se tourner vers autre chose. C’est ce que l’on appelle de manière générale une « transition protéique ».

Cependant, étant donné la difficulté de révolutionner un système alimentaire vieux de dix mille ans pour huit milliards de personnes assez rapidement pour ralentir les effets mondiaux du changement climatique, c’est naturellement plus facile à dire qu’à faire.

Nature Food, dans une revue de 33 articles, a trouvé trois objectifs principaux d’une transition protéique : atténuer les effets de la production de protéines animales sur l’environnement, nourrir une population croissante et prévenir la souffrance animale.

De ceux-ci ont émergé trois grands récits, ou façons de parler de la transition protéique. Tout d’abord, le discours du consommateur, qui met l’accent sur l’évolution des régimes alimentaires et place le consommateur au centre de l’attention ; le discours technocentrique, axé sur le développement de nouveaux et meilleurs systèmes de production de protéines ; et le récit « socio-technologique », qui présente les organisations, les gouvernements et les groupes de pression comme les moteurs du changement.

En examinant les pays à revenu élevé, en particulier les membres de l’OCDE, l’étude s’est penchée sur les voies tracées par ces récits et sur la conception générale du monde universitaire de ce que signifierait une transition protéique.

La consommation et le consommateur

Le discours le plus important, apparaissant dans 13 des 33 articles évalués, était l’idée que la transition protéique était centrée sur le consommateur et la consommation.

Le discours présente le consommateur comme le principal agent du changement. La transition protéique sera initiée par le consommateur, selon ce récit. Ce changement sera provoqué par des campagnes de sensibilisation mettant en évidence les avantages des protéines alternatives, ainsi que par la promotion de plus petites portions de viande et de journées sans viande.

Certains articles font la promotion de l’adoption de nouveaux régimes, comme le végétarisme, et d’autres suggèrent la promotion des compétences culinaires pour améliorer la capacité des consommateurs à adopter des régimes alternatifs.

Technologie et innovation

Le discours centré sur la technologie est apparu dans 10 des 33 articles. Pour ce récit, c’est l’industrie – qui produit de la technologie et transforme les chaînes de valeur – qui est l’agent du changement.

C’est à l’industrie, selon ce discours, de développer une production de protéines économe en ressources et de réduire les impacts négatifs de la production.

La transition protéique est ici centrée sur le développement de nouvelles alternatives aux protéines, telles que les protéines végétales, les insectes et les algues, ainsi que sur une transformation de l’infrastructure existante pour développer les protéines.

Changement de bas en bas

Enfin, le récit de la transition socio-technologique est apparu dans huit des 33 articles. Ce discours met l’accent sur l’importance non seulement des consommateurs et de l’industrie, mais aussi d’autres acteurs tels que les groupes de pression, les gouvernements et les détaillants.

L’accent est mis sur l’adoption de nouveaux régimes protéiques et de nouveaux cadres réglementaires, ainsi que sur la réorientation des fonds publics et privés vers une transition protéique. En bref, c’est la politique qui est au centre de ce récit.

Définition de la transition

Malgré des récits clairs dans la plupart des articles, 13 des 33 articles évalués n’ont pas été en mesure de définir la transition protéique.

Même ceux qui ont réussi à le définir n’étaient souvent pas d’accord. Certains ont vu la transition comme une évolution vers la consommation d’une gamme de protéines alternatives, tandis que d’autres se sont concentrés uniquement sur les protéines végétales.

L’étude souligne que tous les articles évalués, sauf deux, considéraient les aliments comme un « macronutriment unique », laissant de côté les diverses origines des protéines. Selon l’étude, cela laisse de côté les « multiples rôles que l’élevage offre », tels que son rôle dans la gestion de la fertilité des sols, les services écosystémiques et le « flux circulaire de matériaux dans l’agriculture ». Il insiste plutôt sur l’importance de préciser les types de protéines considérés et si une transition réside dans leur substitution ou leur réduction.

Source : Nature Food
« Un examen systématique des définitions, des récits et des voies à suivre pour une transition protéique dans les pays à revenu élevé »
Publié le : 3 janvier 2024
DOI : https://doi.org/10.1038/s43016-023-00906-7
Auteur(s) : O. Duluins et P. V. Baret

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