Une récente note d’information de l’AEE a analysé 11 pays européens, constatant que dans tous ces pays, les personnes étaient exposées à des niveaux dangereux de BPA.

On sait que le plastique polycarbonate dangereux se transfère aux aliments et aux boissons en raison de son utilisation intensive dans les emballages alimentaires et boissons, où le contact entre l’emballage et l’aliment amène ce dernier à prendre des éléments du premier.

Parallèlement, les résines époxy tapissent les conduites d’eau potable, ce qui signifie que le BPA pénètre dans l’eau potable. Même certains scellants dentaires contiennent du BPA.

Les risques pour la santé

Le BPA est classé par l’UE comme un produit chimique dangereux, et il présente une série de risques pour la santé. Par exemple, il est associé à un risque plus élevé de fertilité réduite, de perturbation endocrinienne (qui modifie le fonctionnement des hormones), de lésions oculaires et de réactions allergiques cutanées. Mais une étude réalisée en 2015 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) présentait un autre risque : il a le potentiel d’endommager le système immunitaire.

En avril, l’EFSA a suggéré qu’une dose journalière tolérable (DJT) de BPA est d’environ 0,2 nanogramme par kilogramme de poids corporel par jour, à la suite d’une expérience impliquant des souris qui ont vu le BPA affecter des cellules critiques pour les réponses immunitaires, même à très faibles doses. Il s’agit d’une réduction significative par rapport à la DJT précédente de l’EFSA, qui était de quatre microgrammes par kilogramme de poids corporel par jour.

En comparant la nouvelle DJT à sa propre évaluation de l’exposition de 2015, l’EFSA a conclu que les niveaux d’exposition moyens et les plus élevés étaient des centaines ou des milliers de fois plus élevés qu’ils ne devraient l’être.

L’impact des nouvelles données

Cependant, la nouvelle note de l’AEE apporte un nouvel éclairage sur la situation. Le mémoire contenait des données recueillies à partir d’urine humaine, qui montraient que l’exposition au plastique est encore trop élevée parmi de nombreuses populations européennes.

Ces données ont été collectées par HBM4EU, un projet qui s’est déroulé de 2016 à 2022 pour explorer les interactions humaines avec des produits chimiques dangereux. Le projet a analysé l’urine de 2 756 adultes, collectée entre 2014 et 2020 en Pologne, en Tchéquie, en France, au Danemark, en Islande, au Portugal, au Luxembourg, en Croatie, en Allemagne, en Finlande et en Suisse. 92 % des participants étaient surexposés au BPA.

Le BPA a été remplacé par un autre produit chimique, le bisphénol S (BPS), dans certains produits (comme, en 2020, le papier thermique, à partir duquel sont fabriqués les reçus). Le BPS est soupçonné d’avoir certains des mêmes risques pour la santé, tels que la perturbation endocrinienne, bien qu’il n’ait pas encore été identifié comme perturbateur endocrinien au niveau de l’UE.

En utilisant une valeur guide de biosurveillance humaine (HBM-GV) pour trouver une DJT spécifique pour l’urine (car la présence de BPA dans l’urine n’a pas la même signification que sa présence ailleurs dans le corps), ils ont constaté que la DJT de l’EFSA de 0,2 nanogramme par kilogramme se traduisait par 11,5 nanogrammes par litre d’urine.

Quatre-vingt-douze pour cent des résultats de HBM4EU étaient supérieurs à cette DJT, ce qui signifie que 92% des personnes évaluées ont une exposition au BPA plus élevée que l’idéal. Parmi ceux-ci, le niveau de dépassement variait de 71 % à 100 %.

Réglementation du futur

Plusieurs règlements ont été suggérés pour faire face à cette surabondance d’exposition au BPA. Par exemple, une proposition adressée aux autorités allemandes restreindrait la mise sur le marché de mélanges et d’articles si leur concentration en BPA ou en autres bisphénols était supérieure à 10 ppm (0,001 % en poids).

Le BPA serait couvert par une proposition faite aux autorités françaises et suédoises de restreindre 1 000 produits chimiques sensibles à la peau dans les chaussures, les vêtements et d’autres articles nécessitant un contact peau contre emballage.

La Commission européenne a également annoncé récemment son intention de proposer une interdiction de l’utilisation intentionnelle du plastique nocif dans les produits en contact direct avec les aliments.

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