Une évaluation des règles d’irradiation des aliments en Europe a révélé qu’il est peu probable que la législation ait beaucoup d’impact sur l’utilisation en raison d’un déclin entraîné par les craintes de l’industrie et des consommateurs, malgré les preuves scientifiques de son innocuité.

Les directives de l’Union européenne en la matière sont entrées en vigueur en 1999 et n’ont pas été beaucoup modifiées depuis. Une feuille de route a été élaborée en 2017, suivie d’une étude commandée par la DG Sante et de commentaires publics en 2020, qui a reçu 72 réponses, principalement de la part de citoyens de l’UE.

L’évaluation a révélé que les directives n’avaient pas été en mesure de garantir des conditions de concurrence équitables entre les pays de l’UE et les pays tiers et, en raison d’une exigence d’étiquetage, avaient affecté la capacité des entreprises à utiliser l’irradiation.

L’irradiation est une technique de décontamination des aliments et un avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments de 2011 a révélé qu’elle est efficace pour garantir la sécurité microbiologique des aliments. Certaines associations de consommateurs et le Parlement européen craignaient qu’il ne soit utilisé à mauvais escient par les entreprises pour masquer une mauvaise hygiène dans les processus de production.

La Food and Drug Administration des États-Unis a approuvé une variété d’aliments pour l’irradiation, y compris le bœuf et le porc; les crustacés comme le homard, la crevette et le crabe; fruits et légumes frais; laitue et épinards; volaille; œufs en coquille et épices et assaisonnements.

Situation actuelle en Europe
L’UE a irradié plus de 9 200 tonnes de denrées alimentaires en 2010, mais moins de 4 000 tonnes en 2019. La principale raison de ce déclin semble être la crainte de l’industrie que les consommateurs refusent d’acheter des aliments étiquetés comme irradiés, bien que cela n’ait pas été démontré. En 2018 et 2019, plus de 80% des aliments irradiés dans l’UE ont été traités dans un établissement en Belgique.

Seules les herbes aromatiques séchées, les épices et les assaisonnements végétaux ont une autorisation à l’échelle de l’UE, mais différents produits ont des approbations nationales. La mention « irradié » ou « traité par rayonnement ionisant » doit figurer sur l’emballage. Une initiative visant à approuver d’autres produits a été lancée en 2000, mais s’est opposée par un certain nombre d’entreprises alimentaires et d’organisations de consommateurs, et a été arrêtée par le Parlement européen en 2002.

Les données les plus récentes montrent 24 installations d’irradiation approuvées dans 14 pays de l’UE. Les principaux produits irradiés sont les cuisses de grenouille, la volaille et les assaisonnements d’herbes aromatiques séchées, d’épices et de légumes. Dix sites sont approuvés dans des pays non membres de l’UE. Trois en Afrique du Sud et en Inde, deux en Thaïlande et un en Suisse et en Turquie.

Entre 1999 et 2019, il y a eu 358 notifications RASFF liées à l’irradiation. Les pays d’origine les plus fréquents pour les produits soumis à notification étaient la Chine, les États-Unis, la Russie et le Vietnam – aucun d’entre eux ne pouvant disposer d’installations d’irradiation approuvées par l’UE. En 2020, six alertes ont été enregistrées : deux en provenance de Chine et une des États-Unis, de l’Inde, du Vietnam et de la Belgique.

Les États membres effectuent des contrôles officiels, mais l’intensité diffère considérablement, plus de la moitié d’entre eux faisant partie de l’Allemagne. Presque toutes les non-conformités concernent les denrées alimentaires importées, ce qui suggère des lacunes potentielles dans l’application de la législation sur l’irradiation à la frontière.

L’orientation future n’est pas claire
Les résultats des travaux n’indiquent aucune option pour l’avenir de la législation européenne sur l’irradiation des aliments, parmi les quatre identifiées: le statu quo, l’adoption d’une liste européenne des aliments autorisés à l’irradiation et la modification ou l’abrogation des directives.

Tant que l’industrie alimentaire et les consommateurs de l’UE seront réticents à l’éventreur à l’éventreur des aliments irradiés, la législation aura un impact négligeable sur l’utilisation de la technologie, indique le rapport.

En raison du manque de données sur l’irradiation des aliments et ses solutions de rechange, l’évaluation n’a pas permis de conclure dans quelle mesure les règles avaient contribué à améliorer l’hygiène alimentaire et à réduire les éclosions d’origine alimentaire.

La réglementation n’a pas réussi à harmoniser la législation sur l’irradiation dans l’ensemble de l’UE, les agences nationales pouvant appliquer des autorisations et des interdictions sur d’autres denrées alimentaires irradiées que les herbes et les épices. La Belgique, la République tchèque, la France, l’Italie, les Pays-Bas et la Pologne disposent d’une liste nationale d’autorisations sur le traitement des denrées alimentaires par rayonnements ionisants.

Le rapport de l’UE indique que la réticence de l’industrie à utiliser l’irradiation des aliments peut avoir de graves conséquences, comme le montre l’incident de l’oxyde d’éthylène (ETO).

« En septembre 2020, des résidus d’ETO, une substance interdite dans l’UE et dangereuse pour la santé humaine, ont été détectés dans des graines de sésame en provenance d’Inde. Les graines avaient été traitées avec cette substance dangereuse pour éliminer la contamination microbiologique, tandis que l’irradiation des aliments aurait pu être utilisée dans le même but », selon le rapport.

(Pour vous abonner gratuitement à Soya75, cliquer ici.)

LAISSER UNE RÉPONSE

Vous avez entré une adresse e-mail incorrecte!
Veuillez entrer votre nom ici